Le petit pantin de bois

(Mini Conte)

Inspiré par berbero_bvrbvre (Threads)

Les notes étouffées d'un glockenspiel flottaient dans l'air.

Un épais brouillard de fumée recouvrait la grande horloge.

Les cigares avaient presque fini de brûler.

Le pantin désarticulé était suspendu à la petite aiguille.

En équilibre.

Dans quelques secondes à peine, la pendule sonnerait l'heure.

Et le frémissement causé par le léger décalage du changement ferait glisser la corde.

Tout serait fini.

Les rouages s'enclenchèrent.

L'un après l'autre, comme au ralenti,

Dans une danse mécanique

Soigneusement huilée.

La cordelette rêche oscilla.

Ses aspérités lui permettaient de tenir encore un peu.

Le pantin n'osait lever la tête.

Le moindre de ses mouvements précipiterait sa chute.

Le dernier coup sonna la fin.

Un ultime tressaillement, et la corde glissa.

Le pantin chuta brutalement avant de s'écraser au sol.

Chacun des morceaux de bois qui le composaient roula à l'écart des autres.

Nul n'aurait pu dire ce qu'il avait été, maintenant que ses pièces étaient toutes séparées.

Le petit garçon s'approcha et, discrètement, ramassa un à un chaque morceau de bois.

«Je vais t'aider, petit pantin.»

Toute la nuit durant, le petit garçon rattacha les morceaux de bois, prenant tout son temps pour que son ouvrage soit parfait.

Au petit matin, il avait terminé.

Le petit pantin de bois avait retrouvé sa forme d'origine, tout en étant bien plus solide.

Seulement, au fond de ses yeux, se formait progressivement une étrange lueur.

Et elle n'avait rien de mécanique.

Ni de rassurant.

Durant la journée qui s'écoula, le petit pantin de bois resta tranquillement assis, à moitié allongé, sur la table de nuit du petit garçon.

Il voulait se redresser, sauter, et s'enfuir.

Mais ce qui se terrait maintenant au fond de ses entrailles d'échardes le paralysait entièrement.

Que lui arrivait-il ?

Pourquoi n'était-il plus seul en lui-même ?

Qu'était cette chose vivante qui le faisait tressaillir ?

Qui le secouait imperceptiblement ?

Quand le soir revint, le petit garçon retrouva le pantin.

«Aide-moi», supplia le pantin, de ses yeux luminescents.

«Que m'arrive-t-il ? J'ai si peur !»

Le petit garçon le prit dans ses mains et lui sourit.

«Tu ne crains rien, petit pantin. Tu étais terrifié et tu es tombé. Tu t'es brisé et je t'ai ramassé. Je t'ai réparé et je t'ai donné vie. Ce qui te fait sursauter entre les secondes, c'est ce que tu as gagné. Ton propre coeur.»

©Anne Lensdrow 2024-2025. Tous droits réservés.

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